"La parole est d'argent
Mais le Silence est d'Or..."

Une fois de plus, le bruit affreux accompagné par son odeur nauséabonde passe devant moi, m'ébouriffant le poil comme il en a l'habitude ! Je ne me ferai jamais aux monstres de ces bipèdes. Ils puent, ils sont énormes, ils détruisent à petit feu leur environnement, et en dernier lieu, ils font un bruit tellement effroyable que je me demande comment j'ai réussi à ne pas devenir sourd depuis le temps que je les entends !

Heureusement, la neige aspire tous les bruits, les créatures gigantesques paraissent bien silencieuses en cette période merveilleuse qu'est l'hiver ; bipèdes imbéciles qui détruisent leur monde, quand comprendront-ils enfin que la vie est tellement plus belle lorsqu'elle se découvre de ce manteau d'apparences ?! Les cris des oiseaux que nous mangerons plus tard, les bruits des herbes folles tourmentées par le vent qui les drague, la beauté des montagnes qui se dressent fièrement, comme pour nous protéger des alentours... rien de plus beau que cette nature qui nous a vu naître, nous autres chats et chiens, oiseaux, et toutes les créatures qui ont su s'entourer de ce dont elles ont réellement besoin...
Mon maître aime la nature comme moi. il est un chat à l'intérieur. C'est pour cette raison notamment que je l'adore. Ce n'est pas un bipède comme les autres, il sait ce qui lui suffit.
Prenant une grande inspiration, je regarde à gauche, je regarde à droite. Rien. Ni personne. Même les petits bipèdes ont décidé de rester dans leur terrier. Bon débarras ! Avec un silence gracieux, je m'extirpe de la neige et bondis vers ce qui ressemble à la fin du camp de bipède. Mon maître habite non loin de la nature, ce qui me ravie au plus haut point...
Et si je m'en allais lui trouver une petite proie ?Je sais qu'il ne les mange pas, je sais même que lorsque je les lui donne, il les relâche... La première fois que je l'ai vu faire alors qu'il croyait que je n'étais pas là, j'en fus tellement vexé que je ne le revis plus pendant une semaine entière, et que je ne lui rapportai plus une seule offrande durant toute une lune. Mais il me fallut bien comprendre qu'il ne mangeait pas les souris.Lui, il mange des choses qu'il fait cuire.Il m'en a fait gouter, des fois... mais je préfère largement la chaleur d'un corps à peine mort à celle d'un corps qui a touché le feu.

Arrivé à la frontière qui sépare le camp des bipèdes aux territoires des félins sauvages, je m'arrête et hume l'air, joyeusement. Tien ? Étrange, il flotte dans les airs une odeur que je ne connais pas et qui vient me chatouiller les narines... Mon museau s'affole, mes moustaches s'agitent. Qui est-ce ,
L'odeur mêle le chat à la peur...
Alors je suis l'odeur...

Et c'est là que je le vois !