[Pedro] Cours, cours, joli temps.

Mon passe-temps favori, c'est laisser passer le temps, avoir du
temps, prendre son temps, perdre son temps, vivre à contretemps.
Françoise Sagan.

Salut, bouffeur de croquettes.

Vivaldi - Winter ; Adagio
Les montagnes étincelaient de blancheur
sous leur capiton de neige
Simone de Beauvoir

Merveilleuse journée ! Enfin, si l'on omet la neige et le froid prenant qui ronge chaque corps vivant et bouillonnant de chaleur osant se risquer au dehors... Par cette glaciale matinée, des formes noires tranchent la poudre immaculée par cette saison que les bipèdes appellent l'hiver. Sans un bruit, n'abandonnant derrière elles que des traces animales, elles laissent la neige s’accrocher à leurs bordures par paquets de flocons encore solitaires, alors que ceux qui viennent du ciel attendent le moment adéquat pour rejoindre leurs compagnons. A l’instar de certaines immenses créatures prédatrices peuplant les fonds marins que les bipèdes ont cru bon d’appeler les Orques, se fondant à moitié dans le paysage hivernal, l’habile quadrupède à fourrure semble avoir un but, une quête à mener à bien… non, en réalité, ce chat – car oui, c’est juste un petit félin qui ne paye pas de mine – aime juste à tracer de longs sillons dans la neige recouvrant de son blanc manteau les paysages apparaissant alors comme féériques !
J’aime bien me décrire comme un héros d’histoire ! Mon maître m’en racontait parfois, comme on en raconte aux petits des bipèdes… A présent que je suis adulte, il a sans doute pensé que ce n’était plus de mon âge, mais j’ai plaisir à me remémorer certains contes, et à m’en créer de nouveaux… Hum, retournons à notre histoire, peut-être une rencontre aura-t-elle lieu ?

Tandis qu’il se lance comme toujours à corps perdu dans cette immensité blanchâtre, illuminée par des rayons d’un soleil caché par les nuages d’une pâleur extrême, quelque chose le retient dans son élan, le chat fait une halte. Il lève haut la tête et renifle un instant les ondes aériennes qui passent à portée. Une odeur, ténue, s’envolant parmi les bourrasques de froid qui l’emportent loin au dessus de sa tête, pour la ramener aussi près du sol… une odeur de chat.
Mais avant qu’il puisse faire ou dire quoi que ce soit, une voix féline et délicieuse s’élève parmi les cris furieux de l’air.

_ Salut, bouffeur de croquettes.

Quelle douce, quelle belle voix ! C’est alors qu’il se retourne et voit, lui tournant le dos, une silhouette étrangement familière… Non, c’est impossible ! Wang est mort, il a été empoisonné par ces imbéciles de bipèdes !
Il n’y a plus de héros qui tienne, plus de conte, plus de magie, plus d’histoire… qui est cette créature, qui est cet être qui me parle, si ce n’est Wang dont la voix était égale à celle des femelles, bien qu’il fut mâle ? Une apparition ? Non ! C’est impossible, purement et simplement impossible ! Le froid pourrait-il me donner des illusions pareilles à celle-ci ?
Je veux en avoir le cœur net. La réalité est trop étouffante, le froid se fait brûlant…

_ Qui es-tu ? Dis-je. Une vision de mon esprit ? Une apparition ? Un fantôme ?

Gotta Be Somebody.

Qui es-tu ? Une vision de mon esprit ? Une apparition ? Un fantôme ?

Je suis aussi matérielle que le sont mes griffes et mes crocs. D'après le fait que tu me prennes pour une hallucination, je peux en déduire que tu ne sois pas particulièrement sain d'esprit ... Que fais-tu ici, chat domestique ?

Alors, que me caches-tu donc, petit chat ... ?

Je ne ferrai aucun commentaire sur la longueur ^^'
Schiste, oui je trouve ça court : P.

[La longueur est parfaite, je trouve!
Mais pourquoi mentionner Schiste ?]

Tien ?Il neige !

Alors que je me pose de multiples questions, qui est-ce, pourquoi, comment... je me rends compte de l'erreur monumentale faite lorsque j'ai cru qu'il s'agissait de Wang ! Heureusement que je n'ai pas prononcé son nom devant le chat face à moi. Elle est là, elle me fait face, cette chatte de la nature, cette créature qui vit loin des bipèdes. Mêlant le brun et le gris dans des nuances agréables au regard, sa silhouette balayée et blanchie par le vent chargé de flocons nouveaux qui se joignent aux troupes de leurs prédécesseurs, ses doux yeux jetant des éclairs, à la fois d'or, d'argent et de neige colorés, m'observent, suspicieux.
Le silence laisse le vent hurler sa colère... Elle m'observe, la queue enroulée autour des pattes, tellement différente de ce cher Wang pour qui je l'ai prise il y a tout juste quelques secondes.

_ Je suis aussi matérielle que le sont mes griffes et mes crocs.

Pour sur, j'aurais du me douter de sa réponse...

_ D'après le fait que tu me prennes pour une hallucination, je peux en déduire que tu ne sois pas particulièrement sain d'esprit ...

J'émets un ronronnement amusé... Moi, fou ? Pourquoi pas ! Ça serait une drôle d'idée, mais pas stupide...

_ Que fais-tu ici, chat domestique ?

Domestique... Huim... Je ne crois pas qu'un chat domestique aurait le courage de s'approcher aussi près pour ne pas repartir illico. Malgré sa taille de chaton, elle impose le respect de par sa posture ; elle semble plus puissante que d'autres de ses pairs. Et à son odeur, j'aurais pu me rendre compte que ce n'était pas Wang ! L'apparition que j'ai vu devant moi m'a fait oublier l'odeur qui m'avait fait stopper ma route... si elle n'avait pas été là, je n'aurais même pas remarqué cette chatte.
Je m'asseoie à mon tour, et entreprends de me lécher une patte.

_ Un domestique ? Intéressant...

Je la regarde, sans broncher.Que peut-elle me faire, à part quelques griffures ?!

_ Je n'aime pas vraiment l'appellation de domestique... Je préfère qu'on m'appelle par mon nom, Pedro. Et si ça peut te faire plaisir, tu peux m'appeler Domestique Solitaire. Je ne fais que prendre la chaleur d'un gîte, et me laisser aimer par un bipède ; ce sont la mes seules ressemblances avec les chats de ces êtres.

Le héros enroula comme par effet de miroir, sa queue autour de ses pattes, bien soulagé de ne pas avoir eu affaire à une apparition !

♫ Piano Man.

Un domestique ? Intéressant...

Je n'aime pas vraiment l'appellation de domestique... Je préfère qu'on m'appelle par mon nom, Pedro. Et si ça peut te faire plaisir, tu peux m'appeler Domestique Solitaire. Je ne fais que prendre la chaleur d'un gîte, et me laisser aimer par un bipède ; ce sont la mes seules ressemblances avec les chats de ces êtres.

Pedro, donc ... ?Et bien, excuses moi, je ne m'étais pas présentée.Étoile des Facéties, meneuse du Vent

mais je doute que tu n'es jamais entendu parler des Quatre Clans.

Mais

tu n'as toujours pas répondu à ma question. Qu'est ce que tu fiches ici ?

Au vu de l'air amusé qu'elle affichait, la chatte semblait s'intéresser au jeune héros noir et blanc, ce qui ne manqua pas d'attirer l'attention...
...

Je vais peut-être arrêter de parler de moi à la troisième personne, ça fait assez suffisant finalement !
Non seulement cette belle créature face à moi n'est pas un fantôme, ce qui me rend légèrement plus confiant, mais en plus elle a un certain air dominant et fier. Elle inspire un certain respect...

«Pedro, donc ... ?Et bien, excuses moi, je ne m'étais pas présentée. Étoile des Facéties, meneuse du Vent. »

Voilà qui répond à ma question ! Une cheftaine, un chat qui devrait normalement posséder neuf vies. Intéressant !

Mais je doute que tu n'aies jamais entendu parler des Quatre Clans.

Je réponds à cette remarque par un haussement de la tête, mais avant que je ne parle à mon tour, elle reprend la parole, entre deux volées de flocons qui cachent à moitié sa silhouette pourtant assez proche de la mienne..

« Mais tu n'as toujours pas répondu à ma question. Qu'est ce que tu fiches ici ? »

Le froid s'empare de ma fourrure moins épaisse et lourde que celle de cet animal haut placé dans la hiérarchie des clans, et pour ne pas risquer de me retrouver sous forme de glaçon, je me relève et m'ébroue énergiquement, histoire aussi de laisser un petit temps de mystère avant de me dévoiler, non sans une certaine envie, à elle... de toute façon, que gagnerais-je à cacher ce que je suis à un chat des clans ?!

Puis, je me rassieds, la regarde en attendant que le vent se taise quelque peu, avant de m'exprimer à mon tour :

_ Eh bien tout d'abord, il se trouve que je suis au courant que vous vivez en quatre clans, répartis en territoires dans ce vaste environnement, sous la cloche de ces chats guerriers qui sont morts et qui sont, eux aussi, rassemblés en un clan unique appelé le Clan des Etoiles. D'ailleurs, il me semble que ce sont des terres neutres, pour vos clans. Donc je ne pense pas avoir à me justifier quant à la raison qui m'amène ici, au même titre que toi.

C'est vrai quoi !
Je bats une fois de la queue pour éparpiller les quelques flocons qui ont cru bon de s'y perdre pour me glacer plus encore...

_ D'ailleurs, je ne suis pas hostile à vos règles et à votre code du guerrier, mais vivre en communauté ne me plait pas. Dans un autre cas, je crois sans me vanter avoir pu faire un excellent membre de votre communauté ; je n'aime pas la vie de groupe, voilà tout. E pour ce qui est de vos ancêtres qui vous observe de leur camp, j'ose avouer que j'y crois comme vous. J'ai un ami qui les y a rejoint...

Sur cette parole, je regarde le ciel comme s'il avait les réponses à mes questions multiples. Pourquoi tu es parti, Wang ?! Pourquoi les bipèdes sont-ils méchants ? Pourquoi doit-on se battre pour une chose alors que le partage est l'une des plus belle des choses ?!

Si l'on boit une bonne partie du contenu d'une bouteille portant l'étiquette :
poison, ça ne manque presque jamais, tôt ou tard, d'être mauvais pour la santé.

Facéties souriait. Il n'y avait là pourtant rien de joyeux, rien de drôle, rien d'incroyablement chaleureux. Le froid était pittoresque, les deux félins pitoyables, gelés de la tête aux pieds, frissonnant imperceptiblement sous leurs manteaux de fourrure bien trop légers. La mort errait, glacée, mesquine, menaçante. Et pourtant, elle souriait. Un sourire simple, sincère, joyeux, espiègle, jeune, curieux. Elle quittait un monde, sautillait des ténèbres brûlantes aux flammes glacées, jouait avec le feu, tourbillonnait avec la mort, valsait avec la vie. Elle pianotait dans l'obscurité, ne sachant trop où aller, ne s'en souciant guère. Vaguement, sa queue battait un tempo joyeux, vif, heureux. Se promettre la souffrance, rester cloitrer dans ses principes, ses propres confidences. Autant en emporte le vent. L'Étoile releva son fin museau argenté, observant minutieusement le curieux matou se redresser et s'ébrouer. Une note de silence, une pâle tentative d'installer le mystère, tentative amusante qui ne fit qu'élargir le sourire de la chasseresse, déversant un océan de facéties sur la nature cruelle et enneigée.

« Eh bien tout d'abord, il se trouve que je suis au courant que vous vivez en quatre clans, répartis en territoires dans ce vaste environnement, sous la cloche de ces chats guerriers qui sont morts et qui sont, eux aussi, rassemblés en un clan unique appelé le Clan des Étoiles. D'ailleurs, il me semble que ce sont des terres neutres, pour vos clans. Donc je ne pense pas avoir à me justifier quant à la raison qui m'amène ici, au même titre que toi. »

Il était vrai que la question de la meneuse n'était pas particulièrement pertinente. Pertinente, pas pertinente, il n'y aurait pas répondu, de toutes façons. Facéties ramena doucement sa queue en panache sur son nez rosé, voilant momentanément son visage espiègle au regard ambre et rieur du dénommé Pedro. Celui-ci balaya la neige boueuse et grisâtre d'un vif mouvement de la queue, campé nonchalamment sur ses pattes blanches, fier et sûr de lui.

« D'ailleurs, je ne suis pas hostile à vos règles et à votre code du guerrier, mais vivre en communauté ne me plait pas. Dans un autre cas, je crois sans me vanter avoir pu faire un excellent membre de votre communauté ; je n'aime pas la vie de groupe, voilà tout. Et pour ce qui est de vos ancêtres qui vous observe de leur camp, j'ose avouer que j'y crois comme vous. J'ai un ami qui les y a rejoint... »

Et il leva les yeux, son œil soudain pensif embrassant le jour mourant. Ils parcourent les étoiles, argentés, doux, sages, leur regard profond, terrifiant, vous glaçant jusqu'au plus profond de votre être, éternellement fixé sur vous. L'Étoile leva elle aussi son œil clair, lorgnant l'infinité du ciel, son visage argenté et à demi-masqué par la pénombre voilant ses multiples émotions. Complexe. Un mot qui s'attache aux lèvres, trop souvent associé à étrange, douteux, sombre, mystérieux. Facéties était complexe. Et si lumineuse à la fois, brûlante comme la braise, virevoltant tel le vent. Les étoiles étaient complexes. Elle les avait vu, s'avancer lentement vers elle, leur aura si terrifiant et pourtant si doux la plongeant dans la peur la plus noire et la joie la plus intense. Il s'était avancé vers elle, son court pelage brun ondulant doucement sur son corps étoilé ayant retrouvé sa force d'antan. Il lui avait effleuré le museau. Elle avait souffert. Elle avait hurlé. Puis, le courage et la puissance d'Étoile du Printemps étaient entrés en elle, illustrés par la douleur des blessures, l'odeur métallique du sang, les cris de victoire et de haine. Facéties se rappelait très bien de cet orgueil, de cette gloire immense vouée au grand chat brun, qui l'avait alors traversé de part en part, laissant l'empreinte indélébile du Clan des Étoiles sur son cœur tout juste cicatrisé. Un plaie s'était rouverte. C'était ça, voir les étoiles. Terribles et magnifiques à la fois. La jeune meneuse laissa échapper un murmure soupirant, avant de s'en retourner vers Pedro. Un instant silencieuse, elle sembla se perdre dans ses pensées, son regard brillant vagabondant dans l'océan blanc. Enfin, un nouveau sourire, plus doux, plus calme cette fois, traversa momentanément son visage facétieux.

« J'aimerai pouvoir te dire qu'il veille sur toi. C'est sûrement le cas, après tout, mais qui suis-je pour le savoir ... »

Elle laissa un instant sa phrase en suspens, le regard vif et ombrageux, la gueule entrouverte en une esquisse de sourire, laissant apercevoir ses blanches canines.

« As-tu déjà vu les étoiles ? »

Sujet: Re: [Pedro] Cours, cours, joli temps.